mercredi 10 décembre 2008

Souvenirs de chorale: "Rouge", de Michel Sardou (concert 2006)

Je ne crois pas encore l'avoir dit ici, mais j'ai été membre pendant plus de quinze ans d'une chorale chorégraphique dans les Vosges. En effet, non contents de chanter, nous bougions aussi sur les chants, ce qui impliquait de les savoir par coeur et d'avoir un certain sens du rythme et de la chorégraphie. J'ai commencé à la chorale d'enfants, à 5 ans, et mes cours de danse m'ont pas mal aidée pour les chorés et surtout la scène.
Tout cela me manque quelque peu, et, donc, j'ai résolu de partager avec vous quelques souvenirs de concerts qui me sont chers.

Donc, souvenir n°1: "Rouge", de Sardou



Découvrez Michel Sardou!


En 2006, nous nous apprêtions à fêter les 25 ans de notre chorale (elle existait depuis bien plus longtemps mais, en tant que chorale chorégraphique, nous avions commencé plus tard). Notre chef de choeur, voulant faire un spectacle hors du commun, a listé tous les chants appris pendant 25 ans et nous a demandé de voter. Quand la liste des chants est tombée, je me suis aperçue que "Rouge", avec "Vladimir Ilitch" (qui fera l'objet d'un autre billet), était l'un des chants de mon premier concert, en 1990. Nantie de ce souvenir émotionnel, il m'a fallu cependant la réapprendre dans une autre tessiture (j'avais changé de pupitre entretemps, j'étais passée d'alto à soprane basse) et commencer les répétitions. Comme mon costume de scène comportait du rouge (polo rouge et baskets rouges, le tout sur un jean blanc), je me suis donc retrouvée dans la rangée de devant. Ce n'était pas la première fois, mais ça nécessitait devantage de travail car vous êtes directement exposés au public et les autres vous suivent. La choré en elle-même n'était pas bien difficile, nécessitant juste pas mal de synchronisation, la fin cependant a demandé plus de travail pour tomber sur le bon bras afin de se retourner correctement. Ce n'est pas le chant qui m'avait donné le plus de mal, aussi allais-je d'un air confiant malgré le trac qui montait à la répétition générale, la veille du concert. Nous allions ce jour-là nous familiariser avec la véritable scène, une gigantesque estrade divisée en trois pour les trois parties de la chorale. Nous avons assez bien retrouvés nos marques au début, restant immobiles pendant les réglages de lumière par les pros que nous avions engagés, essayant de ménager nos voix pendant les réglages de son. Nous répétons l'entrée monumentale de la première partie sur la musique de "1492", puis nous mettons en place pour "Désirée". Tout s'enchaîne correctement, "Je n'aurai pas le temps", puis "Emmenez-moi", et vient le moment de transhumer de scène pour aller tous se regrouper sur la scène centrale où se trouve l'estrade. Et là, horreur !! Je remarque en même temps que ma rangée qu'il n'y a que 15 à 20 cm entre mes pieds et le vide ! Un faux mouvement, un mouvement trop large, et c'est la chute. Et il y a toute la chorale derrière nous qui se met en place, qui nous pousse pour se cacher derrière notre rangée. Je change de couleur, pâlis derrière mon pull rouge et hésite à faire un signe au chef de choeur pour lui signaler le souci. Après tout, elle sera sur scène avec nous le lendemain dans la rangée juste derrière la nôtre, autant qu'elle s'en rende compte tout de suite. Nous poussons autant que nous pouvons les rangées arrières, qui protestent, mais il n'y a pas de solution, la place n'est pas extensible, nous n'avons d'autre solution que de faire la choré en l'état. La chef, s'apercevant que quelque chose ne va pas, réalise enfin mais n'a aucune solution elle non plus. La choré sera donc faite ainsi, sur le fil du rasoir, le regard tentant de ne pas trop se fixer sur ses pieds et le vide. En condition de répétition ça allait encore, on n'avait pas les projecteurs dans la figure, mais, alors que la répétition se poursuivait, je me suis vraiment demandé comment ça allait se passer le lendemain, en condition normale. J'avais déjà un sacré trac, après tout le concert allait se faire devant 2500 personnes et était beaucoup plus long qu'un concert normal, et il y avait ce détail supplémentaire. Je ne pourrais pas regarder mes pieds, et je devrais aussi sourire,voilà qui corsait singulièrement le truc. L'idée m'a poursuivie pendant mon boulot du samedi matin, les préparatifs de l'après-midi et même pendant la séance de maquillage de rigueur. Alors que j'étais derrière la scène, prête, maquillée, je me demandais encore comment faire, et je savais que ceux que ma rangée se le demandaient aussi. Chacun de nous devrait être réactif si nécessaire, si l'un d'entre nous dérapait. Alors que j'allais prendre ma place pour l'entrée, j'y pensais encore un peu mais le bruit du public, là, derrière la porte, me faisait un peu oublier cet état de fait pour me concentrer sur l'entrée. Tout alla bien, sauf un petit bug au niveau de la musique pour "Désirée", et arriva "Rouge". Déglutissant, essayant de garder mon sourire pendant la mise en place, je regardais droit devant moi, dans le vide noir car à cause des projecteurs on ne voit quasiment pas le public. Heureusement, tout se passa bien, et, bien qu'il reste encore deux parties et de nombreuses chorés à réussir, je me sentais aussi soulagée à la fin que si j'avais fini tout le concert...

Voilà mon premier souvenir de chorale, d'autres suivront...

1 commentaire:

FalconHill a dit…

Joli billet. Touchant.

Rouge me rappelle mon bac en 1995'... Olympia 95'. Première fois que j'écoutais cette chanson, qui me rappelle ce doux été...

Bonne journée